Disparition de Delphine Jubillar : le téléphone, ce témoin muet qui sème la zizanie dans l’enquête
L’énigme Jubillar : entre attente insoutenable et indices technologiques
Depuis la nuit fatidique du 15 au 16 décembre 2020, le mystère reste entier autour de la disparition de Delphine Jubillar, infirmière de 33 ans et mère de deux enfants. Les enquêteurs n’ont cessé de poursuivre leurs investigations pour percer ce sombre secret, tandis que son mari, Cédric Jubillar, mis en examen pour homicide volontaire sur conjoint le 8 juin 2021, demeure en détention provisoire à la maison d’arrêt de Seysses. Mardi 15 mars 2022, ses avocats s’apprêtent d’ailleurs à remettre le couvert, tentant encore une fois d’obtenir sa libération après de longs mois passés derrière les barreaux. Mais pendant que la justice suit son cours, les gendarmes, eux, restent mobilisés autour d’un objet clé : le téléphone portable de Delphine Jubillar.
Le Huawei P30 Pro, pièce maîtresse… et grande absente
Face au flou artistique entourant la disparition de l’infirmière, les enquêteurs ont naturellement braqué leur projecteur sur son téléphone portable, un Huawei P30 Pro. Problème de taille : ce précieux appareil demeure tout aussi introuvable que sa propriétaire. À la recherche d’indices, les autorités n’ont pas ménagé leurs efforts. Selon La Dépêche, des investigations poussées ont été planifiées dès le printemps 2021. Mais, petit grain de sable dans la machine, un manque de temps criant a freiné l’élan de l’enquête : « Faute de temps pour mener à bien », précise-t-on, cette précieuse piste a été abandonnée sur le bord de la route.
Souhaitant aller au bout des choses, les juges d’instruction avaient pourtant confié le téléphone à un laboratoire spécialisé courant mai 2021. Malheureusement, la sortie de route n’était pas loin : à peine une quinzaine de jours ont pu être consacrés à ces analyses, alors que la mise en examen de Cédric Jubillar se profilait pour le 8 juin 2021. « Le temps accordé ne nous permet pas de réaliser ces essais », ont plaidé les experts. Résultat : des frais de service tout de même facturés à hauteur de 9 500 euros, sans résultat concluant – une addition salée pour un zéro pointé.
Six activations suspectes pour une nuit de disparitions
Ce qui renforce la frustration des enquêteurs, c’est le potentiel alléchant de cette piste. D’après La Dépêche, les gendarmes ont découvert que le téléphone de Delphine avait été utilisé ou manipulé à six reprises entre la nuit du drame et les premières lueurs du jour. Décryptage de ce ballet numérique :
- Un peu après minuit, l’application WhatsApp s’active
- À 1h33, c’est la caméra WhatsApp qui est sollicitée
- D’autres actions sont signalées, jusqu’à 6h52
Mais à qui ou à quoi imputer ce regain d’activité nocturne ? Mystère, et boule de gomme. Car jusqu’à aujourd’hui, les avocats de Cédric Jubillar insistent : « Nous ne savons toujours pas si le comportement du téléphone de Delphine Jubillar est lié à une action humaine ou s’il est le résultat d’un processus interne, propre à son appareil », selon leurs propres termes rapportés par La Dépêche.
S’il avait pu être démontré qu’une action humaine était nécessaire pour ces activations, inutile de dire que l’enquête aurait pris un tournant digne d’un épisode palpitant d’une série policière! Mais pour l’heure, la piste reste en suspens, faute de certitude technique.
Un mystère tenace, la prudence avant tout
Le dossier Delphine Jubillar, plombé par ces zones d’ombre technologiques, continue donc de hanter enquêteurs, magistrats et familles. Rappelons-le, Cédric Jubillar bénéficie toujours de la présomption d’innocence jusqu’à l’issue définitive du procès.
En attendant les éventuelles avancées, une chose est sûre : dans cette affaire où la technologie aurait pu livrer ses secrets, le temps – cette denrée rare dans les dossiers judiciaires – a joué contre les chercheurs de vérité. Il ne reste plus qu’à espérer que d’autres indices sauront un jour briser le silence du Huawei, ou du moins, permettre de répondre aux nombreuses questions qui restent en suspens. La patience s’avère alors l’ultime alliée de ceux qui attendent, et la vigilance, la meilleure amie de la justice.