Depuis des années, l’UE prévient que Loi sur les services numériques (DSA) Ce n’était pas seulement du papier mouillé. Vient maintenant le premier coup dur : le La Commission européenne a infligé une amende de 120 millions d’euros à X (l’ancien Twitter) pour avoir violé ses obligations de transparence.
Il s’agit de la première décision formelle de non-conformité en vertu de cette loi et Il se concentre sur trois fronts très spécifiques: le design trompeur du fameux chèque bleu, l’opacité de son référentiel publicitaire et les obstacles rencontrés par les chercheurs tentant d’accéder aux données publiques sur la plateforme.
Une amende qui lance le pouvoir de sanction du DSA
Le chiffre (120 millions d’euros) est loin d’être symbolique, mais est loin du maximum autorisé par le DSAqui peut atteindre jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires global annuel d’une plateforme dans les cas les plus graves. La Commission souligne que Le montant a été calculé en tenant compte de la nature des infractionsle nombre d’utilisateurs concernés dans l’UE et la durée de cette situation.
Avec cette décision, Bruxelles envoie un double message. À l’intérieur, cela montre que le DSA est passé de la théorie à la pratique et qu’il ne restera pas que des avertissements. À l’extérieur, dans un contexte tendu avec les États-Unis en raison de pressions pour réduire la régulation numérique, il indique clairement que le respect des normes européennes n’est pas négociable, même si cela affecte les plateformes appartenant à de grandes personnalités comme Elon Musk.
Trois brèches sous les projecteurs
Le dossier contre X repose sur trois piliers bien précis. La première est la conception du chèque bleu, que la Commission qualifie de trompeuse. Puisque la plateforme permettait d’acheter le badge « vérifié » sans véritable vérification d’identité, le badge a cessé d’être un signe d’authenticité fiable et est devenu un simple produit parmi d’autres.
Le deuxième front est le manque de transparence du référentiel publicitaire. Le DSA oblige les grandes plateformes à maintenir une base de données accessible et consultable avec toutes les publicités affichées : qui paie, vers qui elles s’adressent, de quel contenu elles disposent et à quelle période elles sont diffusées.
La troisième violation concerne le accès des chercheurs aux données publiques sur la plateforme. Le DSA reconnaît explicitement que, pour évaluer les risques systémiques en ligne, les universitaires et les centres de recherche doivent être en mesure d’analyser à grande échelle des données déjà publiques pour tout utilisateur. La Commission soutient que
Délais de correction et risque de sanctions importantes
L’amende ne vient pas seule. La décision de la Commission s’accompagne d’une série de délais pour rectifier le tir. X a une marge limitée présenter des mesures concrètes qui adaptent la conception du chèque bleu à ce qu’exige le DSA, réformer son référentiel d’annonces et ouvrir de véritables voies aux chercheurs pour accéder aux données publiques.
Différentes sources communautaires situent ces délais entre 60 jours détailler les mesures correctives et 90 jours de mettre en œuvre les changements les plus complexes, notamment ceux liés à l’accès aux données, sous peine de sanctions supplémentaires.
Le DSA prévoit que, si le non-respect persiste, la Commission peut recourir à des amendes beaucoup plus élevées, pouvant aller jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires globalainsi que des pénalités périodiques pouvant aller jusqu’à 5% du chiffre d’affaires journalier pour faire respecter le respect.
Quelles sont les intentions de l’UE avec cette affaire ?
Au-delà de la collision spécifique avec X, La Commission veut utiliser ce dossier comme cas exemplaire de ce que le DSA vise à corriger. Pour Bruxelles, le problème n’est pas seulement qu’il existe des contenus illégaux ou des campagnes de désinformation, mais que, sans outils de transparence, il est impossible de comprendre comment ils se propagent, qui les finance et quel impact ils ont sur le débat public.
Premier avis aux grandes plateformes, avec TikTok dans le miroir
L’amende pour X ne vient pas seule. En parallèle, la Commission a annoncé qu’elle acceptait les engagements de TikTok pour améliorer la transparence de sa bibliothèque publicitaireaprès une autre enquête dans le cadre du DSA. La plateforme chinoise s’est engagée à proposer des référentiels contenant le contenu complet des annonces, des critères de segmentation et des données globales sur les personnes atteintes, ainsi qu’à mettre à jour ces informations dans des délais très courts. Dans son cas, Bruxelles opte pour la voie des engagements contraignants plutôt que des sanctions, mais précise qu’elle continuera à enquêter sur d’autres aspects comme la protection des mineurs ou l’impact de ses algorithmes.
Avec ce double mouvement, l’UE met sur la table un message que le secteur ne peut plus ignorer : le DSA va être appliqué et les grandes plateformes devront s’habituer à un examen beaucoup plus approfondi de leur conception et de leurs décisions commerciales. X a été le premier à introduire un régime de sanctions, mais ce ne sera certainement pas le dernier.