Ces derniers jours, plusieurs utilisateurs d’Android ont été confrontés à un comportement anormal dans l’application DAZN, qui dans certains cas empêche complètement le démarrage du service. Après la dernière mise à jour, l’application semble effectuer des contrôles approfondis sur l’environnement logiciel de l’appareil et, si elle détecte certaines applications installées, elle plante avec une erreur de sécurité ou se ferme sans autre explication.
Ce ne sont pas des appareils modifiés, ni des smartphones avec des autorisations root actives ou des ROM personnalisées. Au contraire, des problèmes apparaissent même sur des systèmes parfaitement intacts, mis à jour et certifiés. Nous avons directement essayé de reproduire la situation et le résultat était identique : en présence de certaines applications spécifiques, DAZN ne démarre pas.
Situation répliquée sur l’un de nos appareils
L’affaire suscite la polémique car elle concerne des outils largement utilisés par les développeurs et les utilisateurs avancés, mais tout à fait légitimes. On soupçonne que derrière ce comportement se cache l’adoption de nouvelles solutions de protection conçues pour contrecarrer les modifications non autorisées et l’utilisation inappropriée de l’application. Un choix qui soulève cependant des questions importantes sur l’équilibre entre sécurité et liberté d’utilisation sur Android.
Pourquoi DAZN ne démarre pas : le rôle de DoveRunner
À la base de ces blocs se trouverait DoveRunner, une plateforme de protection pour les applications Android de plus en plus répandue même en dehors de l’Asie. Il ne s’agit pas d’un simple contrôle anti-root, mais d’un système beaucoup plus invasif qui crée une sorte de « barrière » entre l’application et le système d’exploitation.
DoveRunner vérifie en permanence que l’environnement dans lequel l’application s’exécute répond à certains critères considérés comme sûrs par le développeur. Si quelque chose ne correspond pas à ces paramètres, l’application peut décider de ne pas se lancer, limiter certaines fonctions ou mettre fin à l’exécution de manière inattendue (comme dans ce cas).
Le problème est que ces contrôles ne reposent pas uniquement sur des modifications réelles du système, mais également sur la simple présence d’applications installées. Lors de notre test, par exemple, l’application DAZN a cessé de fonctionner même si App Cloner était désactivé et n’interagissait en aucune façon avec le système. Un signal clair que le contrôle s’effectue en amont, sans distinction entre usage légitime et abus potentiel.
Applications légitimes traitées comme des menaces
Des outils comme Shizuku ou App Cloner ne sont pas des logiciels malveillants ou des exploits. Shizuku, en particulier, est utilisé depuis des années pour permettre un accès avancé aux API Android sans recourir à root, et est considéré comme un outil fondamental pour les développeurs et les utilisateurs expérimentés.
Cependant, avec l’introduction de protections agressives comme DoveRunner, ces applications sont assimilées à des vecteurs d’attaque potentiels. Du point de vue du système de protection, peu importe que l’application soit effectivement utilisée ou non : l’installation seule peut suffire à déclencher le blocage.
Cette approche réduit drastiquement les marges de manœuvre des utilisateurs les plus experts et crée une situation paradoxale : pour accéder à un service régulièrement payant, il faut renoncer à des outils parfaitement légaux qui sont souvent aussi utiles à d’autres activités.
La sécurité contre le piratage, mais à quel prix ?
Il est compréhensible que des plateformes comme DAZN cherchent à protéger leur contenu. Sur Android, il est relativement simple de modifier les APK, de contourner les limitations ou d’analyser le trafic réseau, et des solutions comme DoveRunner ont été créées précisément pour lutter contre ces pratiques.
L’inconvénient est cependant une augmentation significative des faux positifs et une expérience utilisateur de plus en plus rigide. L’écosystème Android, historiquement apprécié pour sa flexibilité, risque de se fermer progressivement, non pas par choix de Google, mais par décision de développeurs individuels.
Si cette tendance se poursuit, des cas comme celui de DAZN pourraient devenir de plus en plus fréquents. Le véritable défi sera de trouver un équilibre entre protection des contenus et respect des utilisateurs, afin d’éviter que la sécurité ne devienne un obstacle à l’utilisation quotidienne des applications.