Des scientifiques découvrent un nouveau groupe sanguin et il est uniquement présent chez une seule femme sur Terre.

Une équipe de scientifiques français a fait une découverte médicale exceptionnelle en 2019, après avoir identifié un groupe sanguin totalement inédit, présent chez une seule personne au monde. Cette avancée scientifique bouleverse notre compréhension des types sanguins et soulève d’importantes questions sur la diversité génétique humaine.

Gwada négatif : le groupe sanguin unique au monde

En 2011, lors d’un prélèvement sanguin de routine à Paris, les médecins ont remarqué des anomalies dans le sang d’une femme originaire de Guadeloupe. Ne disposant pas des technologies nécessaires à l’époque, l’analyse complète a dû attendre 2019, lorsque les chercheurs ont repris l’étude avec des outils plus perfectionnés.

Les scientifiques de l’Établissement Français du Sang (EFS) ont alors fait une découverte stupéfiante : cette femme possède un groupe sanguin jamais observé auparavant. Baptisé « Gwada négatif » en référence à la prononciation phonétique de la Guadeloupe, ce groupe sanguin présente des caractéristiques uniques liées à une mutation du gène PIGZ.

Le biologiste Thierry Peyrard, impliqué dans cette découverte, a expliqué que ce nom « sonne bien dans toutes les langues ». Il est essentiel de remarquer que l’EFS possède une expertise reconnue dans ce domaine, ayant identifié 10 des 17 derniers groupes sanguins découverts dans le monde.

La particularité du Gwada négatif réside dans la modification de la fixation des protéines aux globules rouges, rendant ce sang incompatible avec tous les autres types connus. Concrètement, cette femme est « la seule personne au monde compatible avec elle-même », une situation médicale sans précédent.

Diversité des groupes sanguins et importance clinique

Pour comprendre l’importance de cette découverte, il convient de rappeler les fondamentaux du système sanguin humain. Le sang n’est pas uniforme chez tous les individus, et cette diversité est cruciale lors des transfusions sanguines.

Les quatre principaux groupes sanguins sont catégorisés selon la présence ou l’absence d’antigènes spécifiques à la surface des globules rouges et d’anticorps dans le plasma :

  • Groupe A : présence d’antigènes A sur les globules rouges et d’anticorps anti-B dans le plasma
  • Groupe B : présence d’antigènes B sur les globules rouges et d’anticorps anti-A dans le plasma
  • Groupe AB : présence des deux antigènes (A et B) sans anticorps
  • Groupe O : absence d’antigènes mais présence des deux types d’anticorps

Ces groupes principaux se divisent ensuite en sous-groupes, formant un total d’environ 48 groupes sanguins différents. Le groupe O négatif est considéré comme le « donneur universel » car il peut être transfusé à presque n’importe qui sans risque de rejet.

L’importance clinique de cette classification est considérable. Recevoir du sang d’un groupe incompatible peut provoquer des réactions immunitaires potentiellement mortelles, les anticorps attaquant les cellules sanguines étrangères.

Groupe sanguinAntigènes sur globules rougesAnticorps dans le plasmaPeut donner àPeut recevoir de
AAAnti-BA, ABA, O
BBAnti-AB, ABB, O
ABA et BAucunAB uniquementTous
OAucunAnti-A et Anti-BTousO uniquement
Gwada négatifMutation PIGZMultiplesGwada négatif uniquementGwada négatif uniquement

Implications médicales et perspectives pour la porteuse

La découverte du Gwada négatif place sa porteuse dans une situation médicale délicate. Contrairement à la majorité des individus, elle ne peut recevoir aucun autre type sanguin, pas même le O négatif habituellement considéré comme universel. Son corps rejetterait immédiatement tout sang transfusé qui ne serait pas le sien.

Face à cette réalité, les médecins ont recommandé plusieurs mesures préventives :

  1. Constitution d’une banque de sang personnelle par des dons réguliers
  2. Documentation médicale détaillée pour alerter les soignants en cas d’urgence
  3. Recherche de potentiels autres porteurs du même groupe sanguin
  4. Suivi médical spécifique pour anticiper d’éventuelles complications

Les chercheurs estiment qu’il est possible que d’autres personnes dans le monde possèdent ce même groupe sanguin sans le savoir. De manière similaire, la mutation génétique du PIGZ pourrait être présente chez d’autres individus qui n’ont jamais eu besoin d’analyses sanguines approfondies.

Les scientifiques poursuivent activement leurs recherches pour identifier d’éventuels « jumeaux sanguins » de cette femme, ce qui pourrait créer un réseau de donneurs compatibles. Cette quête est d’autant plus importante que la porteuse du Gwada négatif se trouve dans une situation de vulnérabilité médicale unique.

Avancées techniques permettant cette découverte

L’identification du Gwada négatif illustre parfaitement l’évolution des techniques d’analyse génétique. Lors du prélèvement initial en 2011, les scientifiques avaient remarqué des anomalies mais ne disposaient pas des outils nécessaires pour caractériser précisément ce groupe sanguin atypique.

C’est l’avènement du séquençage génétique avancé qui a permis, en 2019, d’identifier la mutation spécifique du gène PIGZ responsable de cette particularité. Cette mutation affecte fondamentalement la façon dont les protéines se lient aux globules rouges, créant un profil sanguin unique.

Cette découverte souligne l’importance des avancées technologiques en génétique médicale. Sans les progrès réalisés dans le séquençage de l’ADN entre 2011 et 2019, ce groupe sanguin serait resté non identifié, laissant sa porteuse dans l’ignorance d’une caractéristique potentiellement vitale.

La découverte du Gwada négatif ouvre également de nouvelles perspectives dans la recherche sur la diversité génétique humaine et l’évolution des groupes sanguins. Elle rappelle que notre connaissance du corps humain continue de s’enrichir, même dans des domaines aussi fondamentaux que la typologie sanguine.