L’incroyable revirement de l’affaire Steve Maia Caniço : le téléphone portable contredit la version de la police

L’affaire Steve Maia Caniço secoue la France depuis 2019, mêlant disparition tragique, accusations de violences policières et rebondissements judiciaires. Mais c’est un simple téléphone portable qui a fait vaciller la version officielle, révélant les failles d’une enquête surveillée à la loupe.

La nuit du drame : fête, intervention et panique

  • Dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, lors de la Fête de la musique à Nantes, Steve Maia Caniço, un jeune homme de 24 ans passionné de techno, disparaît brutalement.
  • La fête s’était prolongée au-delà de l’heure permise sur le quai Président-Wilson, quand la police intervient pour y mettre fin. Selon les témoins et des secouristes, la manœuvre aurait déclenché une panique générale, précipitant de nombreuses personnes dans la Loire.
  • À l’opposé, la version policière et le rapport de l’IGPN invoquent des jets de projectiles contre les forces de l’ordre, prêts à justifier l’usage de gaz lacrymogène comme riposte proportionnée, sans aucun lien direct (selon eux) avec la disparition du jeune homme.

L’énigme du téléphone : un bornage qui change tout

  • Alors que la France s’interroge — et manifeste dans la rue pour « justice pour Steve » — la découverte du corps plus d’un mois après les faits accroit l’émotion.
  • Au cœur du dossier, un élément technique sème le doute : le téléphone de Steve. Selon l’IGPN, il aurait cessé d’émettre à 3h16, soit 30 minutes avant l’arrivée de la police, ce qui semblait disculper les forces de l’ordre. Mais coup de théâtre : la police judiciaire découvre que son dernier bornage a eu lieu… à 4h33, donc pendant l’intervention policière. Exit l’excuse de la batterie à plat ou de la chute précoce !
  • Ce détail, purement technique, force les juges à reconsidérer la chronologie : Steve Maia Caniço est tombé dans la Loire « dans le temps de l’intervention de la police ».

Enquête, procès et relaxe : un long marathon judiciaire

  • Face au tollé et au contexte déjà marqué par les violences policières en France, l’enquête est dépaysée à Rennes. Le commissaire divisionnaire en charge sur le terrain, l’ex-préfet de Loire-Atlantique ainsi que d’autres responsables, sont tour à tour mis en examen à partir de juillet 2021.
  • Des témoins, organisateurs de soirées et associations festives, jurent que l’intervention était disproportionnée. Les témoignages affluent, évoquant la peur, la confusion et la brutalité du dispositif policier.
  • Pourtant, malgré la polémique persistante, la justice relaxe le commissaire Grégoire Chassaing en septembre 2024, concluant à l’absence de « faute caractérisée ». Les autres mis en cause bénéficient d’un non-lieu, et la boucle judiciaire se ferme, non sans un goût amer pour de nombreux citoyens.

Le bilan d’une affaire : société en question, institutions critiquées

  • Le rapport de l’IGPN est âprement critiqué : défaut de prise en compte des secouristes, auditions sélectives, absence de transparence, voire partialité selon certains chercheurs, militants et proches de la victime.
  • Le syndicat de police lui-même questionne la pertinence d’intervenir en pleine nuit sur un quai sans protections, au milieu d’une foule potentiellement alcoolisée, rappelant les dangers d’une gestion musclée du maintien de l’ordre.
  • Sébastian Roché, chercheur au CNRS, propose de réformer l’IGPN en faveur d’une instance vraiment indépendante du politique pour juger les actions policières — une demande largement partagée dans l’opinion à la suite de ce drame.

Cette affaire aura donc mis en lumière toute la difficulté de faire la vérité sur l’action des pouvoirs publics en période de tensions. Quand la technologie, en l’occurrence un téléphone portable, vient troubler les certitudes des uns et des autres, il serait bon de s’en souvenir : la recherche de la vérité n’est pas optionnelle. Même (et surtout) quand ça ne donne pas le beau rôle aux institutions.