Retour vers le futur… mais sans internet ! Face à la multiplication des écrans, la nostalgie de Snake et les notifications en pagaille, un nombre croissant d’utilisateurs dit adieu au smartphone. Prêts à revenir aux « téléphones stupides » ? Les experts décryptent pour nous cette étonnante tendance qui remet à la mode la simplicité… et la robustesse d’un bon vieux Nokia !
Un retour inattendu des téléphones « stupides » dans nos poches
Si vous pensiez que les téléphones à clapet avaient disparu comme votre Tamagotchi en 2003, détrompez-vous ! Ils font leur grand retour, et pas uniquement pour les nostalgiques de la sonnerie monodique. En Israël, début 2022, les importations de « dumbphones » de la marque Nokia ont explosé de 200 % par rapport à l’année précédente. La tendance n’épargne pas la France : déjà en 2021, 18 % des Français équipés d’un téléphone portable avaient opté pour un modèle non intelligent. Au Royaume-Uni, un propriétaire de mobile sur dix a adopté un « feature phone », un appareil qui sait globalement… passer des appels et envoyer des SMS. Et c’est tout son « charme » !
Des raisons multiples… mais une envie commune de simplicité
Pourquoi ce désamour grandissant du smartphone ? Plusieurs raisons se dessinent, sans écran verrouillé ni filtre Instagram :
- Un coût d’achat nettement inférieur
- Une solidité légendaire (le fameux test de la chute par terre… et le téléphone qui survit !)
- L’envie de s’éloigner des écrans, surtout après une pandémie passée devant encore plus de pixels
Mais ce « retour à l’essentiel » ne date pas du Covid ; dès 2019, le marché mondial des dumbphones décolle : 400 millions d’unités écoulées cette année-là, chiffre presque doublé en 2020 à 735 millions. Une étude Counterpoint misait sur un milliard d’exemplaires vendus en 2021, ce que confirment les chiffres récents. En 2022, ce marché pesait 9,52 milliards d’euros selon Statista.
Le vrai regain de flamme pour le téléphone basique remonte à 2017, avec la sortie, signée Nokia, d’un 3310 revisité. Couleurs du début des années 2000, clavier T9 pour déclencher crampes et poésie par texto, batterie amovible et… Snake de retour. De quoi réveiller les souvenirs pré-iPhone et relancer la « digital detox » : les recherches Google de téléphones sans accès internet s’envolent alors. Déjà en 2016, 90 % des propriétaires de smartphones se disaient victimes du phénomène des « vibrations fantômes » (si votre jambe vibre pour rien, c’est normal, ou presque !).
Aujourd’hui, le temps passé sur smartphone ne fait qu’augmenter : en 2021, 4 h 48 chaque jour en moyenne. Face à cette saturation, il y a ceux qui investissent dans des modèles minimalistes, commerçant la détox contre un prix élevé. Ainsi, le Light Phone s’affiche à 300 euros ; le Punkt MP02, qui ne prévoit même pas de GPS mais intègre la prise de notes, coûte 329 euros. Cela suffira-t-il à convaincre les 21 % de Français incapables de se passer de leur téléphone ? Rien n’est moins sûr, note le youtubeur Cyrus North : un téléphone « bête » peut vite devenir compliqué au quotidien, ne serait-ce que pour valider un paiement en ligne, alors que les applis bancaires multiplient les vérifications mobiles. De toute façon, la vraie dépendance n’est pas au téléphone lui-même, mais à ce qu’on y fait… et bon nombre d’applis continuent de fonctionner sur ordinateur !
Le facteur décisif : leur prix mini… pour un usage maxi !
L’essor du dumbphone dans le monde ne doit pourtant pas tout à la détox digitale de l’Occident. L’argument massue reste son prix imbattable. Si certains modèles franchissent la barre des 300 euros, la plupart restent accessibles. Le Nokia 150, par exemple, se vend 25 euros – beaucoup plus accessible, surtout dans les pays en développement. Résultat : c’est l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie qui tirent la croissance du marché. Parfois même, ces « feature phones » permettent le tout premier accès à internet pour des millions d’utilisateurs. En Inde, la société Reliance Jio fabrique des téléphones basiques intelligents offrant l’accès à certaines applications, bien adaptées à la faible mémoire embarquée.
Entre sécurité, environnement et nostalgie : d’autres raisons de sauter le pas ?
Outre l’argument du portefeuille, la sécurité n’est pas en reste. En Israël, l’affaire Pegasus, ce logiciel espion découvert sur les portables de ministres, journalistes et activistes, a brutalement accéléré la demande pour les mobiles non connectés. L’absence de WhatsApp, Facebook ou Instagram limite la récolte des données personnelles à des fins publicitaires – même si, rappelons-le, les bons vieux SMS ne brillent pas par leur sécurité.
Enfin, n’oublions pas la dimension écologique. Plus solides que les smartphones (qui n’a jamais entendu parler du « frigo » pour qualifier ces tanks ?), les feature phones se distinguent aussi par l’autonomie monstrueuse de leurs batteries, particulièrement précieuse dans les régions où l’électricité fait défaut.
En résumé ? Témoins d’une époque qu’on pensait révolue, les téléphones dits « stupides » séduisent toujours plus, qu’on les choisisse pour économiser, pour réduire les distractions, protéger sa vie privée ou la planète. Alors, prêts à troquer le doomscrolling pour la simplicité ? Lancez donc une partie de Snake… et laissez souffler votre esprit !