Pourquoi dit-on « allô » au téléphone ? L’origine surprenante d’un mot mystérieux

Vous l’avez forcément prononcé des centaines, peut-être des milliers de fois. Mais d’où vient donc ce fameux « allô » que l’on lance, parfois timidement, parfois à tue-tête, à chaque appel téléphonique ? Derrière cette petite interjection du quotidien se cache une origine bien plus mystérieuse – et plus internationale – que ce que l’on imagine. Prêts pour une plongée dans les méandres linguistiques du téléphone ? Accrochez-vous… ou plutôt, décrochez !

Que signifie réellement « allô » ?

Avant de partir en quête de son origine, arrêtons-nous sur sa signification. « Allô », selon la très sérieuse Académie française, est « une interjection d’appel utilisée quand on téléphone ». Le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL) ne dit pas autre chose, précisant qu’il s’agit d’un « terme conventionnel par lequel on établit ou rétablit le contact avec l’interlocuteur dans une conversation téléphonique ».

En clair : « allô » n’est ni un mot magique, ni un mot codé, mais tout simplement la porte d’entrée des dialogues à distance. On l’emploie comme un bouton « on » de la conversation. Simple, basique, mais ô combien indispensable.

Un « allô » venu d’ailleurs ? Les origines en question

Ah, le mystère s’épaissit. S’il n’existe aucune explication officielle quant à la naissance du mot « allô », les pistes avancées ne manquent pas. Voici les deux principales hypothèses, garanties sans coup de fil à un ami :

  • D’abord, la piste anglo-saxonne : il viendrait tout bonnement du mot anglais « hello », employé outre-Manche et outre-Atlantique dès qu’on décroche le téléphone. Ce serait d’ailleurs le mot préféré de Thomas Edison, inventeur du télégraphe et du phonographe. Lui c’était « hello ». De son côté, Graham Bell — pionnier du téléphone — avait opté pour un plus nautique « Ahoy » !
  • Ensuite, la légende hongroise : on raconte que le mot pourrait dériver du hongrois « hallod ? », qui signifie littéralement « tu m’entends ? ». Tivadar Puskás, l’inventeur du central téléphonique, aurait ainsi demandé à son interlocuteur « hallod ? » lors de sa première mise en service en avril 1877. L’autre, manifestement rassuré de ne pas parler dans le vide, lui aurait répondu « hallom », soit « je t’entends ».

Autant dire que le « allô » a déjà bien voyagé avant d’atterrir dans votre bouche !

Tout le monde dit-il « allô » ? Les variantes internationales

Rassurez-vous : le suspense ne s’arrête pas là. Car non, « allô » n’est pas universel ! Chaque pays a concocté sa propre interjection pour répondre au téléphone, preuve que la créativité humaine ne connaît pas de frontières, pas même filaires.

  • En Turquie : « alo »
  • En Indonésie : « halo »
  • Au Portugal : « alô »
  • En Italie : « pronto » (parfait pour ceux qui aiment être… prêts !)
  • En Espagne : « diga » (comprenez « dites »)
  • En Pologne : « Tak, słucham » (« oui, j’écoute »)

Difficile de s’y retrouver lors de votre prochain tour du monde du « bip-bip » !

Le vrai rôle du « allô » : tisser le lien

Si « allô » divise sur ses origines, son utilité, elle, ne fait aucun doute. Ce mot d’apparence anodine joue une fonction phatique, pour les intimes de la linguistique (n’ayez pas peur, c’est légal). Autrement dit, « allô » sert à établir ou prolonger la communication entre l’émetteur et son destinataire, sans transmettre de véritable information. Le linguiste Roman Jakobson l’explique bien dans ses Essais de linguistique générale (1963) : il s’agit de « messages qui servent essentiellement à établir, prolonger, ou interrompre la communication ». « Allô » permet donc de vérifier que la ligne fonctionne, d’attirer l’attention de l’autre ou de s’assurer qu’elle ne s’émousse pas – une sorte de test micro avant l’heure.

En conclusion ? La prochaine fois que vous direz « allô », pensez à ce petit mot voyageur, ni tout à fait anglais, ni totalement hongrois, mais profondément universel dans sa mission : faire jaillir le lien, même à l’autre bout du fil. Et pour le reste ? Gardez toujours l’oreille attentive… on ne sait jamais qui se cache derrière le « allô » d’en face !