Pourquoi Fabrice a-t-il refusé d’utiliser son nom célèbre ? « Tout pour éviter d’être accusé de piston »

Pourquoi choisir la lumière d’un simple prénom alors que le projecteur d’un nom célèbre tend les bras ? C’est le pari discret et payant de Fabrice, figure incontournable de la radio et de la télévision, qui a préféré la voie exigeante du mérite à celle, potentiellement glissante, du piston familial.

L’art de jouer son propre rôle : Fabrice, une identité choisie

Il existe des portes qui s’ouvrent toutes seules, sitôt qu’un nom connu est prononcé. Mais encore faut-il vouloir franchir celles-là. Fabrice, de son vrai prénom François, l’a très tôt compris et a appliqué, tout au long de sa carrière, une règle d’or : ne jamais jouer de son patronyme. Un choix médité, presque une philosophie de vie. Pourquoi ? Pour réussir par lui-même, sans permettre à quiconque de murmurer « piston » ou de douter de son mérite. Résultat : une relation limpide bâtie directement avec le public, sans brouillage d’origines.

Dès ses débuts dans le métier, l’homme opte pour une identité sobre. Figure familière pour des générations de téléspectateurs grâce à La Classe sur France 3 ou Intervilles sur TF1, il est aussi une voix phare de RTL. Mais jamais il ne laissera son nom de famille—pourtant porteur d’un certain poids—interférer avec cet engagement d’authenticité. Un prénom clair, voilà tout, et le reste aux oubliettes.

Fabrice : entre discrétion, convictions et héritage familial

Cette discrétion n’est pas le fruit du hasard. Fils de René Simon, fondateur du fameux Cours Simon, et beau-fils de Maurice Bessy, qui dirigea le Festival de Cannes, Fabrice n’ignore rien du poids des dynasties dans le monde du spectacle. À ses yeux, dissocier son image de ses liens familiaux s’avère plus qu’un choix : une protection. Moins de procès d’intention autour de ses succès, plus de confiance du public.

Après l’abandon de ses études de droit, c’est RTL et Roger Kreicher qui lui ouvrent la porte. À vingt-cinq ans (ah, la fougue de la jeunesse !), il lance La Case au Trésor, tout en testant la musique de films et la variét’. Pour éviter l’ambiguïté entre ses casquettes de chanteur et de présentateur, il fait le tri : un seul prénom, limpide et facile à retenir, deviendra son étendard. Le dispositif rassure la profession, clarifie son image et pose des jalons professionnels solides.

La construction d’un personnage médiatique : entre héritage et endurance

Le pseudonyme n’est pas né d’un tirage au sort. Admirateur de Stendhal, dont il retient Fabrice Del Dongo, l’animateur puise aussi dans l’air du temps ye-ye, où la pop exige un nom “bleufant” à consonance inoubliable. Fabrice, ce sera donc lui, aussi bien devant la caméra que dans l’intimité des studios de radio.

Sa stratégie paie. Entre 1965 et 2000, il devient une voix continue et appréciée de RTL, tandis qu’à la télévision, il collectionne les succès dans des formats populaires, de La Classe à Intervilles, en passant par Sexy Folies ou les Jeux de 20 heures. Les années 2010 le voient revenir ponctuellement, notamment grâce à Laurent Ruquier avec On n’demande qu’à en rire et Les Grosses Têtes. Toujours avec la même constance tranquille : pas de chasse à la lumière, pas de commentaire sur l’argent, juste le plaisir de la scène et une réserve qui force le respect.

La longévité de sa carrière (soixante ans d’antenne, rien que ça !) repose sur des ingrédients simples :

  • Un rapport apaisé à la notoriété, loin du bruit
  • Une promesse limpide de proximité avec le public
  • Une discipline faite de simplicité et d’écoute
  • Un refus catégorique des polémiques inutiles

Regard lucide sur le passé et conseils pour l’avenir

Installé en Suisse, fêtant en août 2025 ses 84 printemps, Fabrice jette un regard tendre sur sa vie de travail, de doutes et de priorités. Loin de la nostalgie amère, il évoque une France des années 1960 et 1970, plus enjouée selon lui, sans chômage ni insécurité massive, où Paris semblait aussi léger que ses blagues sur les plateaux. Sa mémoire reste un guide, sans naïveté ni esprit de revanche.

En décembre 2024, lors d’un entretien sur ICI, il explique encore une fois la logique de ce pseudonyme choisi. Même avec une audition fragilisée, Fabrice garde ce ton calme, privilégiant l’autodérision, attaché à l’essentiel : être à l’écoute. Parce qu’après tout, ce n’est pas l’étiquette qui fait l’homme, mais l’humilité et la fidélité à soi-même.

En conclusion : un prénom suffit parfois à laisser une trace indélébile. Fabrice aura mené sa barque loin des facilités, pour construire une réputation solide, un héritage clair, et ce respect durable qui ne se monnaie pas. Preuve que refuser le piston, c’est miser sur sa liberté… et sa longévité.