Record historique : la moto la plus chère jamais vendue pulvérise tous les précédents à Las Vegas

Quand un mythe mécanique brise les plafonds, même les plus endurcis des collectionneurs essuient une petite larme d’émotion. Le 1er février, à Las Vegas, une Cyclone 1915 a fait exploser tous les compteurs lors de la vente aux enchères Mecum, pulvérisant le record absolu avec 1,32 million de dollars. Autant dire qu’on parle ici d’un moment fondateur, pas seulement pour les amateurs de motos, mais aussi pour tous ceux qui voient dans ces machines plus qu’un simple assemblage de boulons.

La Cyclone 1915 : Plus qu’un prix, une légende mécanique

Arrêter son regard sur ce chiffre à sept zéros serait franchement réducteur. Oui, 1,32 million pour une moto, ça peut donner le vertige ou paraître indécent à beaucoup. Mais, au-delà du montant, il faut saisir l’essentiel : ce prix spectaculaire incarne la conjonction de trois éléments irrésistibles pour les passionnés :

  • Une histoire aussi folle que palpitante,
  • Un exemple d’ingénierie inédite à son époque,
  • Une rareté quasi absolue.

Posséder une Cyclone, c’est mettre la main sur un morceau d’éternité. D’ailleurs, celui ou celle qui a remporté l’enchère a, selon l’expression, attrapé un fragment du passé qui a changé le futur. Rien que ça !

Naissance d’une bête : innovation et audace

Revenons un siècle en arrière. Lorsqu’Andrew Strand intègre la Hendee Manufacturing Company en 1910, il n’est que dessinateur… mais animé d’une faim féroce. Convaincu qu’on peut oser davantage, il suggère – folie pour l’époque – d’adopter un arbre à cames en tête. Ce pari technique va donner naissance à un V-Twin de 996 cm3 développant 45 chevaux, une véritable bête de puissance quand les concurrentes de l’époque peinaient à atteindre la moitié de cette force. La Cyclone allait frôler les 160 km/h… À ce moment, Harley-Davidson et Indian, reines affirmées, plafonnaient bien avant les 100 km/h.

Pensée pour la course, la Cyclone est produite entre 1913 et 1916 par la Joerns Motor Manufacturing Company à Saint Paul, Minnesota, avec une seule ambition : dominer les pistes. Son design affûté comme une lame et son moteur révolutionnaire la mettent sur orbite… mais cet excès d’avance technologique deviendra aussi son talon d’Achille. Les matériaux de l’époque ne suivaient pas la cadence : la mécanique était fragile, malmenée par la brutalité des circuits.

Un destin épique et la renaissance d’un mythe

Après trois années à repousser les limites (et quelques moteurs finis en morceau sur le bas-côté), la Première Guerre mondiale et le coût de production ont raison de la marque. Seuls 14 exemplaires existent aujourd’hui, dont 5 en configuration course. Autant dire que chasser une Cyclone, c’est comme jouer au loto, mais sans la certitude qu’il y aura un ticket gagnant !

Le précieux modèle vendu à Las Vegas a bénéficié d’un soin de restauration magistral, signé Stephen Wright, figure vénérée dans l’univers des motos anciennes. Grâce à ce travail, la Cyclone s’illumine dans son éclat d’autrefois et devient bien plus qu’une pièce technique : un témoin vivant d’une époque où l’on roulait sur des pistes en bois, où chaque virage flirtait avec la vie, où le progrès relevait du pari fou.

Mecum Las Vegas : records à la chaîne et le marché en feu

En 2025, la Cyclone n’a pas seulement écrasé le record, elle l’a vaporisé. Avant elle, la Harley-Davidson Strap Tank de 1908 avait atteint 935 000 dollars (2023), suivie de la mythique Vincent Black Lightning de 1951 à 929 000 dollars (2018). Paul d’Orleans, historien reconnu derrière The Vintagent, le confirme : jamais aucune moto, aux enchères ou en privé, n’a atteint un tel sommet. Même la fameuse Captain America Chopper achetée par Paul Allen, ou la Triple Crown Speedway plaquée or d’Ivan Mauger, n’ont fait aussi bien.

L’édition Mecum de cette année n’a pas manqué de rebattre encore les cartes :

  • Crocker Twin 1938 : 880 000 dollars, un record dans la catégorie,
  • Minneapolis Single 1914 : 264 000 dollars, nouvelle référence,
  • De Dion-Bouton Tricycle 1898 : 165 000 dollars, sommet mondial pour ce modèle.

Dans ce cercle ultra-fermé, les motos ne se conduisent plus : elles se protègent, telles des œuvres d’art sous cloche. Polices d’assurance high-tech et primes à cinq chiffres sont devenues la norme, preuve que le marché n’a plus rien de confidentiel.

Aujourd’hui, la moto de collection est valorisée comme un actif à part entière, comparable à l’art ou aux objets de luxe les plus exclusifs. Les collectionneurs, aguerris ou néophytes, y voient un placement à la cote ascendante, poussés par des ventes où même des modèles moins célèbres, comme la Williams Clady de 1915, atteignent des sommets jamais imaginés. Le marché devient féroce, et chaque vente réchauffe un peu plus le moteur du mythe.

Conclusion : Si la Cyclone 1915 a placé la barre si haut que peu oseront la franchir, n’oubliez jamais : derrière chaque record, il y a une histoire vibrante, un génie audacieux et l’écho d’une époque où foncer tout droit valait toutes les fortunes.