Au milieu de la fièvre de l’IA, le secteur de la mémoire évolue à une vitesse qui aurait ressemblé à de la science-fiction il y a à peine deux ans. HBM, DDR5, GDDR7… et maintenant un autre acronyme de plus en plus populaire entre en jeu : SoCAMM2le nouveau type de module de mémoire que NVIDIA souhaite standardiser dans ses serveurs de nouvelle génération. Et là, selon la presse coréenne, Samsung aurait obtenu plus de la moitié de la totalité de la commande pour 2026, un coup stratégique qui le place dans une position très confortable par rapport à SK hynix et Micron.
Qu’est-ce que SoCAMM2 et pourquoi NVIDIA le considère comme « le nouveau HBM »
SoCAMM (parfois écrit SoCAM) est un format de module de mémoire conçu pour être situé très près du processeur qui régit les serveurs IA. Au lieu de souder plusieurs puces LPDDR directement sur la carte, comme cela se faisait jusqu’à présent, NVIDIA regroupe quatre de ces puces sur une petite carte qui peut être insérée et retirée comme s’il s’agissait d’un module indépendant.
L’idée présente deux avantages évidents. D’une part, cela ouvre davantage de « voies » de communication entre le processeur et la mémoire, ce qui se traduit par plus de bande passante et moins de goulots d’étranglement lorsque le système alimente plusieurs GPU IA à la fois. D’un autre côté, cela rend le système beaucoup plus modulaire : si un module tombe en panne ou qu’une version avec plus de capacité apparaît, il peut être modifié sans refaire toute la carte.
La première génération de SoCAM a été annoncée pour accompagner les processeurs Grace de NVIDIAmais le déploiement a été retardé par des ajustements de performances et de température. Désormais, NVIDIA et les fabricants de mémoire travaillent déjà sur SoCAMM2, conçu pour le prochain processeur « Vera », avec plus de capacité et une meilleure efficacité énergétique. Micron a même parlé de modules de 192 Go, avec environ 50 % de capacité en plus et 20 % de consommation en moins par rapport aux conceptions initiales.
Samsung obtient la moitié du gâteau
D’après les chiffres traités par les fournisseurs, NVIDIA aurait mis sur la table un volume cible d’environ 200 milliards de Go en mémoire pour SoCAMM2. De ce total, environ 100 milliards iraient directement à Samsungqui devient ainsi le principal fournisseur du nouveau format.
Traduit en quelque chose de plus digeste: En prenant comme référence des puces LPDDR de 24 Go, on parlerait de plus de 800 millions de puces individuelles. En termes de capacité de fabrication, cela signifie utiliser de l’ordre de 30 000 à 40 000 plaquettes par mois, soit environ 5 % de la production totale de DRAM de Samsung.
Le reste de la commande serait réparti entre SK hynix et Micronla société coréenne prenant, comme on pouvait s’y attendre, la plus grande partie de ce que Samsung n’a pas obtenu. Malgré tout, le message est clair : dans ce format spécifique, Samsung a réussi à se placer en tête de file des fournisseurs de NVIDIA, ce qui ces dernières années a été étroitement associé à l’explosion de HBM où SK hynix est en tête.
L’atout technique : DRAM 1c et stabilité de la production
Le facteur qui expliquerait ce tournant est la combinaison de la technologie des procédés et de la stabilité de la fabrication.. SoCAMM2 est basé sur une DRAM LPDDR fabriquée avec des nœuds 10 nm de 6e génération (connus dans le jargon sous le nom de 1c). Samsung aurait atteint ici un solide équilibre entre performances, consommation et, surtout, rendement, c’est-à-dire combien de bonnes puces sortent de chaque tranche.
Dans un contexte de demande déclenchée par l’IA, NVIDIA ne peut pas se permettre de miser sur un fournisseur qui livre de belles pièces lors de la présentation, mais a des problèmes lorsqu’il faut produire des centaines de millions d’unités. Ainsi, la stabilité de Samsung dans cette génération de LPDDR s’est traduite par de véritables contrats, et pas seulement par des communiqués de presse.
Un mouvement qui pèse aussi sur le marché de la mémoire
Cet accord intervient à un moment où le marché de la mémoire s’oriente rapidement vers des produits à forte valeur ajoutée pour l’IA.laissant en arrière-plan les segments plus classiques comme la DRAM pour téléphones mobiles ou PC. Les fabricants réduisent leur production dans ces domaines pour transférer leurs capacités vers HBM, GDDR et désormais également dans des formats tels que SoCAMM2.
Que Samsung réserve 5% de sa production de DRAM à un seul client et un seul format n’est pas anodin. Cela renforce l’idée que le business vraiment rentable, au moins à court et moyen terme, consiste à accompagner des géants comme NVIDIA dans leur croissance et non pas tant à lutter pour des marges minimales sur les téléphones mobiles de milieu de gamme.
Si le pari se passe bien, le tandem Vera + SoCAMM2 pourrait devenir un standard de facto dans la prochaine génération de serveurs NVIDIAet cela consoliderait les contrats qui sont signés aujourd’hui depuis des années. Pour Samsung, ce serait la confirmation que sa stratégie consistant à aller au-delà de HBM et à se plonger dans tous les formats de mémoire clés pour l’IA a été la bonne.
